Catherine Kitty Genovese n’aurait pas dû sortir seule ce soir de mars 1964 du bar où elle travaillait, une nuit de grand froid, dans le Queens, à New York. Sa mort a été signalée par un entrefilet dans le journal du lendemain : » Une habitante du quartier meurt poignardée devant chez elle. » On arrête peu de temps après le meurtrier, monstre froid et père de famille. Rien de plus. Une fin anonyme pour cette jeune femme drôle et jolie. Mais sait-on que le martyre de Kitty Genovese a duré plus d’une demi-heure, et surtout que trente-huit témoins, bien au chaud derrière leurs fenêtres, ont vu ou entendu la mise à mort ? Aucun n’est intervenu. Qui est le plus coupable ? Le criminel ou l’indifférent ? Récit saisissant de réalisme et réflexion sur la lâcheté humaine, le roman de Didier Decoin se lit dans un frisson.
[✎] Est-ce ainsi que les femmes meurent?
« Se lit dans un frisson ». Voilà comment finit la quatrième de couverture en décrivant ce livre, et il faut bien reconnaître que c’est le cas…On ne peut avoir aucun doute là dessus.
Il faut déjà savoir que l’histoire de ce livre – la base de cette histoire – , certes romancée, est malgré tout un fait réel, véridique. Cela fait déjà porter un tout autre regard sur l’histoire, je trouve.
Le livre a ceci d’incroyable à mes yeux: il retrace avec une émotion particulière les travers de la société actuelle que sont l’indifférence au malheur d’autrui, le manque d’implication face à ce qui se passe autour de soit, et le côté pervers, fou, malsain que l’on rencontre de plus en plus, malheureusement.
Ehh oui, il ne faut pas se leurrer, de plus en plus de gens ferment les yeux sur ce qui se passe juste à côté d’aux. Personne (au sens large du terme, mais je ne tombe pas dans la généralité, je vous rassure) n’a envie de s’impliquer, tout le monde se dit « quelqu’un d’autre va réagir, je n’ai pas besoin de m’en mêler », et finalement, personne ne fait rien…
L’ambiance de ce livre est, comment dire, … angoissante, atroce, dérangeante… et pourtant, on y adhère sans aucune difficulté…
Un côté un peu plus négatif du livre réside dans le fait qu’on voit l’histoire sous différents points de vue. Cela rend la lecture plus pénible à mes yeux, mais cela n’enlève en rien le côté frissonnant du livre. Cela relève limite du détail.
En conclusion, je dirais que ce livre est époustouflant, car au-delà de l’horreur de l’histoire, il nous pousse aussi à nous remettre en questions, à nous demander « Et moi, qu’est ce que j’aurais fait dans un tel cas? « …
Il ne va rien épargner au lecteur, il n’est pas là pour ça, c’est clair… On ne peut pas sortir de ce livre, selon moi, en ayant été « un simple spectateur », un lecteur tout simplement… J’aime cela dans un livre, quand il reste quelque chose après avoir tourné la dernière page.