[✎] Rien ne s’oppose à la nuit

Editions JC Lattès

Publié en 2011 ~ Langue : Française ~ 437 pages

« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.

Super! J’aime j’aime j’aime…

Une découverte sympa que la rentrée littéraire m’a permis de faire là, car c’est un titre que je n’aurais certainement pas acquis par moi-même…  J’aurais raté quelque chose…

Une chose est certaine, j’étais malgré tout très réticente quand j’ai commencé la lecture de ce livre… A vrai dire, je n’en attendais pas grand-chose…

J’avais peur de tomber dans le mélo-dramatique, dans le sordide où tout est exagérément mis en avant et prend des proportions démesurées…

Surtout que je ne connaissais pas du tout l’auteure, car elle n’entre pas dans l’univers qui est généralement le mien en matière de lecture… (mais ça, c’est une autre histoire).

Puis finalement, une fois commencé, il se lit avec une aisance déconcertante…

Ce roman déborde d’émotions en tous genres… on peut aisément passer du rire au larmes, même si les larmes sont plus souvent présentes…douceur, tendresse, colère, silences pesants, drames familiaux, rien ne manque…  il y est aussi question de beaucoup de révolte, et la plume de l’auteur a ceci d’agréable qu’elle parvient à éveiller cette même révolte en nous, à nous communiquer ces sentiments au point, parfois, de pouvoir mettre le lecteur mal à l’aise, mettant en place une atmosphère où le lecteur a l’impression d’assister bien malgré lui à une scène à laquelle il ne devrait pas assister…

Je trouve que les deux sentiments prédominants dans ce livre restent l’amour démesuré mais aussi une culpabilité sans borne, ce qui rend le récit assez perturbant…

 » Ma mère était bleue, d’un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage, lorsque je l’ai trouvée chez elle, ce matin de janvier. Les mains comme tâchées d’encre, au pli des phalanges.
Ma mère était morte depuis plusieurs jours.
J’ignore combien de secondes voire de minutes il me fallut pour le comprendre, malgré l’évidence de la situation (ma mère était allongée sur son lit et ne répondait à aucune sollicitation), un temps très long, maladroit et fébrile, jusqu’au cri qui est sorti de mes poumons, comme après plusieurs minutes d’apnée. Encore aujourd’hui, plus de deux ans après, cela reste pour moi un mystère, par quel mécanisme mon cerveau a-t-il pu tenir si loin de lui la perception du corps de ma mère, et surtout de son odeur, comment a-t-il pu mettre tant de temps à accepter l’information qui gisait devant lui? Ce n’est pas la seule interrogation que sa mort m’a laissée. »

Difficile de juger des personnages lorsqu’il s’agit d’une histoire vécue… ce serait comme juger une personne que l’on croise tous les matins ou que l’on pourrait croiser au coin de la rue, alors que l’on n’a pas à le faire. C’est juste un portrait magnifique et émouvant.

On pourrait croire qu’on entre dans le récit ordinaire d’une famille ordinaire, mais pas du tout, …  les secrets de famille y ont la vie dure… On y retrouve aussi une certaine évolution tant des personnages que de l’opinion que l’on se fait d’eux.

Un livre osé, qui fait prendre de gros risques à l’auteur… Pour sûr, ça va en déranger plus d’un… mais quelle réussite.

Et je dois bien l’avouer, il est très rare que cela m’arrive, mais j’ai beaucoup de mal à parler de ce livre,… même si ma lecture a été agréable, j’ai beaucoup de mal à exprimer le pourquoi du comment, … juste dire que la plume délicate a su m’émouvoir et me toucher…

Ce livre n’est malgré tout certainement pas un coup de cœur, sans doute trop éloigné de mon univers livresque habituel… mais il reste une belle découverte malgré tout.

On ne lit pas ce livre, on le vit.

Merci à l’opération « Match de la rentrée littéraire », de PriceMinister, pour m’avoir permis de découvrir ce livre…

Retrouvez-y « Rien en s’oppose à la nuit« 

6 commentaires sur « [✎] Rien ne s’oppose à la nuit »

  1. Je l’ai également reçu dans le cadre du Match de la rentrée littéraire de Priceminister mais je ne l’ai pas encore lu ! J’ai hâte quand je vois tous les avis ultra positifs dessus. Bel avis 🙂

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    1. Merci à toi…
      j’espère qu’il sera vite en poche 😉 ou si un jour tu passes dans la région de Tournai, je suis à 10km de là,on pourrait s’arranger 😉
      bon dimanche

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