Les minutes s’égrènent, le père est étendu sur le sol. Est-il mort ou simplement évanoui ? Le fils est là, immobile aussi, il n’appellera pas les secours. Au lieu de cela, il s’adresse à ce père violent. Il lui dit l’humiliation des mots qui salissent et détruisent, et pourquoi l’amour de Camille est plus fort que tout. Il va partir, faire sa vie, et le laisser là… Un monologue saisissant du huis clos familial..
Excellent! J’en veut encore…
Un livre qui est très dur, poignant, mais aussi très fort et surprenant . Une belle découverte.
Il y a certains livres que l’on prend, comme ça, sans trop savoir pourquoi… un titre qui nous interpelle, une cover qui nous attire le regard, un résumé accrocheur… et puis, il y a ceux vers lesquels on se tourne sans savoir pourquoi… « 50 minutes avec toi » fait partie de cette dernière catégorie, du moins en ce qui me concerne. Et je suis contente que ce livre soit tombé entre mes mains, car il m’a coupé le souffle.
Toute l’histoire se passe donc sur un laps de temps restreint de 50 minutes, mais malgré le nombre restreint de pages (moins de 100), le temps m’a paru suspendu, comme mis sur pause le temps que ce fils dise à son père pourquoi il décide, après l’avoir vu s’effondrer par terre, il préfère ne pas appeler d’ambulance et le laisser ainsi mourir.
Les secondes s’égrènent et t’es toujours là, devant moi, immobile.
Moi aussi je suis immobile, mais vivant. Je ne respire pas très bien. Mon souffle est haché, emprisonné. Je ne ressens rien.
Je ne sais pas combien de minutes il va falloir que j’attende avant d’être sûr, vraiment sûr que t’es mort. J’ai presque envie de dire : crevé, mais j’ose pas. Mort, c’est mieux, c’est normal. Crevé, on dit ça d’un chien.
Les mots de l’auteur sont crus, forts, ils frappent dur, ça il faut le reconnaître. Elle aborde d’une plume affirmée et touchante des sujets importants: la violence d’un père envers son fils, la haine que cela engendre… Mais aussi l’amour vécu à l’adolescence, l’homosexualité, et l’incompréhension et la violence que cela peut engendrer dans le cercle familial et qui, dans ce cas-ci, aura des conséquences assez importantes…
Au mois de février dernier, t’es entré dans ma chambre sans prévenir, et tout a basculé. C’est à cause de ça que je reste là, aujourd’hui, sans bouger, avec toi étendu à mes pieds, et que je n’ai toujours pas appelé le Samu, ni les pompiers.
Ce jour de février là, je ne suis pas près de l’oublier.
T’es entré dans ma chambre et tu nous as surpris, Camille et moi, en train de nous embrasser.[…]
Tu t’es campé dans l’embrasure de la porte et tu m’as hurlé à pleins poumons : “Qu’est-ce que tu faisais avec ce garçon ? Hein ? Qu’est-ce que tu faisais avec lui ?” Tu m’as pas laissé le temps de te répondre. Je n’ai pas compris ce qui se passait. Camille venait juste de partir, j’avais encore le goût de ses lèvres sur les miennes.
Sous mon survêt j’ai gardé les marques de tes coups sur mes côtes, mes mollets et mes cuisses pendant des semaines.
Ce jour-là, j’ai cru que t’allais me tuer.
Le monologue auquel on assiste est tout simplement magnifique, même s’il est gorgé d’horreur vécues par ce jeune homme… Les mots sont choisis avec une telle force, une telle émotion, … Ils savent toucher là où il faut, comme il le faut. Et le tout est fait sans fioriture, dans un style fluide, qui ne tombe pas dans le pathos, mais reste digne, sobre. Un rythme où chaque minute qui passe nous laisse le souffle coupé, dans l’attente de ce qui va se passer… Ce père va-t-il mourir? Cet adolescent va-t-il se décider à appeler les secours? Ce père va-t-il s’en sortir? Et l’adolescent, va-t-il s’en sortir?
Il exprime de manière puissante comment un mécanisme infernal se met en place, comment chaque évènement, puis un autre, puis encore un autre, fait peu à peu grandir la haine d’un fils de 17 ans pour son père. Mais il nous montre aussi qu’au delà de ce qu’il a vécu, ce fils se construit, se reconstruit, et est prêt pour vivre sa vie de la manière qu’il l’entend, de se libérer de son bourreau de père.
Ce livre est donc un cri du coeur venant d’un jeune de 17 ans, offrant au lecteur tant la haine pour un père violent et incompréhensif, que l’amour pour un jeune homme qui lui donne envie de se battre pour la vie et pour ses rêves…
50 minutes pour crier la rancoeur nourrie au fil du temps, 50 minutes pour se délivrer de son emprise, 50 minutes pour mettre un terme à sa violence, 50 minutes pour prendre sa revanche sur la vie… afin de pouvoir la vivre pleinement comme il l’entend.
Ce livre met en avant le fait que certains parents ne se rendent pas compte que même s’ils font ce qui leur semble être le mieux pour leurs enfants, pour les endurcir pour avancer le plus loin possible dans la vie, ils sont en fait en train de les fragiliser, de les détruire de l’intérieur…
Comment je suis ressortie de cette lecture? sous le choc, pleine de tendresse pour ce fils que j’aurais aimé prendre dans mes brase pour lui dire « ça va aller, le pire est derrière »…
Je vous conseille vivement ce livre, quel que soit votre âge… car je suis certaine que vous vous laisserez prendre au coeur par cette histoire.
Ce livre rentre dans le challenge « Jeunesse/YA«
J’ai l’impression qu’en ce moment, tu dévores les livres :p Pis moi j’ai cette’ fâcheuse tendance à lire que des pavés du coup, j’en lis dix fois moins que les autres :))
Bref ! Ca a l’air très cynique comme livre mais c’est le genre de choses que j’aime et je salue ta chronique qui est vraiment super encourageante ^^ Une des meilleures que j’ai lu de ton blog :p
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En deux jours, j’ai lu deux livres et demi 🙂
ça me fait des chroniques d’avance pour quand j’aurai moins le temps de lire…
Comme ce sont des livres de maxi 400 pages, en ce moment, ça avance plus vite:p
merci pour ce joli compliment :$
quand j’ai commencé ce livre hier soir, je ne savais pas à quoi m’attendre, et finalement, impossible de dormir avant de l’avoir fini… c’est un électrochoc! d’ailleurs, je trouve que même si il est mis comme étant pour les jeunes dès 12 ans (si mes souvenirs sont bons), je ne sais pas si des enfants de cet âge pourraient le comprendre…
bisous bon dimanche
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C’est une collection de livres que j’aime bien et il me semble que c’est du même auteur dans cette collection que j’avais adoré « Rien que ta peau ».
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Je l’ai découverte avec ce livre, mais j’espère découvrir les autres titres de la collection !
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