Marion, 13 ans pour toujours de Nora Fraisse

« Marion, ma fille, le 13 février 2013, tu t’es suicidée à 13 ans, en te pendant à un foulard, dans ta chambre.
Sous ton lit en hauteur, on a trouvé ton téléphone portable, attaché au bout d’un fil, pendu lui aussi pour couper symboliquement la parole à ceux qui, au collège, te torturaient à coups d’insultes et de menaces.
J’écris ce livre pour te rendre hommage, pour dire ma nostalgie d’un futur que tu ne partageras pas avec moi, avec nous.
J’écris ce livre pour que chacun tire les leçons de ta mort. Pour que les parents évitent à leurs enfants de devenir des victimes, comme toi, ou des bourreaux, comme ceux qui t’ont fait perdre pied. Pour que les administrations scolaires s’évertuent à la vigilance, à l’écoute et à la bienveillance à l’égard des enfants en souffrance.
J’écris ce livre pour qu’on prenne au sérieux le phénomène du harcèlement scolaire.
J’écris ce livre pour que plus jamais un enfant n’ait envie de pendre son téléphone, ni de suspendre à jamais sa vie. »

Marion, 13 ans pour toujours de Nora Fraisse
Genre: Témoignage
Editions Calmann-Lévy (Documents, Actualités, Société) – 192 pages – Sortie : 21 Janvier 2015
Sur Amazon
au format broché pour 16.50€, au format ebook pour 11.99€

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Pour voir l’avis en vidéo:

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Vous n’êtes sans doute pas sans savoir que ces derniers temps, on parle de plus en plus du harcèlement scolaire, de ses conséquences à tous points de vue. Pourquoi maintenant ? Est-ce que c’est un phénomène nouveau ? Non, absolument pas… Pour avoir personnellement subit du harcèlement scolaire depuis mes 11 ans, et ce pendant 4 ans, je peux vous dire que c’était déjà quelque chose de bien présent dans les années 80, en tous cas. Mais la différence, c’est qu’à l’époque, on n’osait pas en parler, on cachait ça, on avait honte, en tant que victime… Alors oui, vous me direz que même maintenant, cela reste un sujet tabou, mais de plus en plus, les langues ont tendance à se délier, et ce grâce, entre autre, à ce genre d’ouvrage qui permet d’ouvrir les yeux à l’entourage, de lui donner des pistes d’approche, des conseils, et pour les ados concernés, de se sentir moins seuls… Car c’est en grande partie ce qui fait qu’on a honte et qu’on n’ose pas en parler : on se sent seul, on se croit seul, et on est persuadé que personne ne pourra comprendre… et c’est là que le pire peut arriver… Car même si les jeunes n’en arrivent pas tous au suicide (fort heureusement d’ailleurs), je peux vous dire que cela bousille une vie, cela casse la confiance en soi et se reconstruire après ça, c’est très difficile, même des années après…
C’est pourquoi j’aime lire ce genre d’ouvrage, en parler, … car c’est à mes yeux essentiel…

Mais bon, je m’égare… Venons-en à mon avis sur l’ouvrage de Mme Fraisse.

Le livre est écrit à la façon d’une lettre adressée à sa fille… à la fois pour lui demander pourquoi elle en est arrivée là, lui exposer le cheminement de deuil et de tentative de compréhension des parents, l’incompréhension face à certains comportements, notamment du corps enseignant.

Ce qui m’a fortement émue et interpellée, c’est la culpabilité de cette mère de famille… Cette détresse a été pour moi vraiment dure à lire, je dois bien vous l’avouer…

«Je me suis invectivée à en perdre haleine. Jamais je n’aurais dû te laisser seule. Jamais je n’aurais dû me rendre chez Zahia. Jamais je n’aurais dû la laisser mettre le couvert pour Clarisse et Baptiste. Jamais je n’aurais dû bavarder avec elle. J’aurais dû te prendre dans mes bras et te bercer jusqu’à ce que tes idées sombres s’envolent. »

Autre chose m’a assez choquée : le manque de réaction du directeur d’école, des profs… Mais malgré tout, une autre question me reste en suspend : à force de voir que les choses ne bougeaient pas dans l’établissement scolaire, pourquoi ne pas avoir changé Marion d’école ? Même si je comprends la douleur de cette mère, je ne peux m’empêcher de me dire que les choses ne doivent pas forcément bouger que d’un seul côté…

Attention, je ne jette pas la pierre… loin de là… Mais le propre de ce genre de livre est d’interpeller et pousser le lecteur à réagir et se poser des questions, et celle-là fait partie des miennes… J’ai l’impression que parfois, la maman n’a pas la réalité des choses à l’esprit, comme par rapport à cet extrait :

« J’étais atterrée. D’abord, ce n’était pas un sac Vanessa Bruno. Et soudain on s’intéressait à toi parce que tu avais ce truc à la mode. Sur quelle planète vivent-elles, ces gamines de 12 ou 13 ans ? »

Que s’imaginait-elle ? Ce genre de comportement existait déjà « à mon époque », ce n’est pas nouveau, et au contraire, cela commence de plus en plus tôt même… Dès le début de l’adolescence, cela devient un critère pour de plus en plus souvent mis en avant pour différencier ceux qui seront les meneurs, les suiveurs, ou les souffre-douleurs… malheureusement.

J’ai regretté aussi les nombreuses répétitions, les mêmes arguments qui revenaient un peu en boucle, et c’est un peu dommage…

Alors oui, cette mère parle avec le cœur, son cœur de maman meurtri à jamais, et cela donne parfois des passages très difficiles à lire…

Alors oui, ce texte pose pas mal de questions, met l’accent sur pas mal de dysfonctionnalités dans l’enseignement et l’accompagnement… qui pourront en vexer ou choquer certains…

Alors oui, il n’est peut être pas écrit de la manière la plus « optimale » qui soit, il y a des choses qui auraient pu être abordées différemment, …
Mais malgré tout, il mérite d’être lu, car il faut en parler, il faut briser les tabous, il faut que cesse le harcèlement scolaire…

Pour terminer, je vous mets une chanson citée dans le livre… Cette chanson me serre le cœur et le met les larmes aux yeux à chaque fois… elle résume bien des choses… elle est juste sublime.

 

Au final, mon avis général…

3 sur 5

Lu dans le cadre des challenges et RDV suivants:

 

12 commentaires sur « Marion, 13 ans pour toujours de Nora Fraisse »

  1. Comme toi, j’ai subi le harcèlement au collège… Je n’ai jamais compris pourquoi… Mais les situations se répètent souvent, et, dans ma vie professionnelle j’ai été harcelée aussi notamment lors de mon dernier emploi… Et, je crois que le harcèlement à l’âge adulte est pire que tout… Bref, je te raconte ma vie, mais ce qui me réconforte c’est que j’ai gagné mon procès aux prud’hommes…

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    1. 😦 tu m’en vois désolée…
      je suis contente que tu aies gagné ton procès, c’est le genre de chose importante qui aide à aller de l’avant…
      bisous

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  2. Je l’ai dans ma Pal depuis que j’ai vu une intervention de sa maman sur un plateau télé. Je n’ai pas encore eu le temps de le lire mais il m’attire car j’ai été la cible de mes camarades de la sixième jusqu’à la fin du lycée. Ca m’est arrivé aussi un peu au début de ma vie pro, mais mon chef m’a soutenu et puis je savais me rebiffer.
    Je ne suis pas allé aussi loin que cette pauvre gamine, et le harcèlement n’était sans doute pas aussi dur à vivre (les gosses d’il y a 20 ans étaient moins imaginatifs que ceux d’aujourd’hui) mais au lycée j’ai quand même pris des somnifères à deux reprises, juste pour ne pas aller au lycée… (et donne nous de tes nouvelles Hyly, sur l’âme du livre tu nous manque!)

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    1. ah je n’ai pas vu d’émissions à ce sujet, je vais chercher des replay…
      tu as eu de la chance de pouvoir avoir le soutien de ton employeur, tous ne le font pas…
      je te fais de gros bisous

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  3. Un passage qui m’a touché jsutement (par rapport à un commentaire plus haut) c’est quand la maman dit que le milieu des adultes est plus « protégé » que dans les écoles. Et c’est malheureusement vrai. On a des recourt (les prud’hommes par exemple, mais dans beaucuop d’entreprise il y a maintenant des cellules harcèlements) que les jeunes n’ont pas. Puisque quand il en parle à l’école ont leur dit que ca va passer.
    Moi ce que je n’ai pas trop aimé, c’est vraiment la réaction de l’école, du directeur. Et puis ce que je trouve dommage (ou alors j’ai pas tout compris) c’est qu’on a pas eu les retours qu’elle aurait du avoir à ses lettres au président et aux ministres.

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    1. la réaction du directeur, j’ai vu le même genre de réaction dans d’autres témoignages en milieu scolaire, mais me^me quand c’est un prof qui est touché… c’est la réputation de l’établissement avant tout, et tant pis pour les autres, je trouve ça tellement triste.

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  4. Je viens de le terminer, j’avoue que je n’ai pas trop fait attention à la façon dont les choses ont été abordées car dès le début ce livre m’a bouleversée. J’ai moi aussi connu le harcèlement scolaire et l’indifférence avec laquelle a réagi le directeur de l’établissement où était scolarisée Marion m’a scandalisée! Et je trouve qu’au travers de ce témoignage on ressent vraiment la souffrance de Nora Fraisse.
    Je suis d’accord avec toi, ce livre il faut le lire, pour en parler, pour que le harcèlement scolaire ne soit plus un tabou.
    J’ai mis ta vidéo en lien sur ma chronique.
    Bisous ma choupette!

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    1. un tout grand merci à toi ma belle ❤
      ça m'effraie de voir que malgré tout, plus le temps passe, plus on en parle pour éviter ça, et plus on voit parler de suicides ados malgré tout…
      bisous

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