Titre : J’ai menti
Auteur : Virginie Madeira et Brigitte Vital-Durand
Maison d’édition : J’ai lu
Sortie : 2007
# de pages : 122
Genre : vécu/docu
Je m’appelle Virginie Madeira, j’ai 22 ans et je suis étudiante. Quand j’avais 14 ans, j’ai dit à une camarade de classe que mon père avait » abusé » de moi. Ce n’était pas vrai. Ce livre raconte comment, à l’école, au commissariat, au Palais de justice, au foyer de l’enfance, dans ma famille d’accueil, personne n’a pensé que ce n’était qu’un mensonge. Mon père a été condamné à douze ans de prison. Je voudrais aujourd’hui que tout le monde sache la vérité : mon père est innocent.
Mon avis: 12/20. cette histoire m'a beaucoup touchée même si elle est trop survolée.
Ce que j’en pense?
« Le 12 juin 2001, Antonio Madeira était condamné à douze ans de réclusion criminelle et à dix ans d’interdiction de ses droits civils, civiques et de famille pour des viols répétés sur sa fille Virginie. De ce crime, Antonio Madeira était innocent. Je l’ai compris, je l’ai su dès notre première rencontre, à l’automne 2005. »
Je dois avouer que cette histoire m’intriguait énormément, à savoir, comment une fille peut ainsi incriminer son Père en toute impunité, comment la justice ne fait pas la différence entre des faits inexistants (pour vous dire, alors que la gamine était encore vierge, les médecins experts ont quand même réussi à trouver des traces « indiscutables » de viols qui n’ont jamais eu lieu) et des accusations mensongères,…
Il y a une phrase qui démontre bien le cheminement qui se passe dans la tête de ces filles qui vont ainsi mentir à la justice, pour des raisons parfois futiles.
« Ce courage, combien de fausses victimes d’infractions sexuelles l’ont-elles ? Pratiquement aucune, enkystées qu’elles sont dans le mensonge et dans la peur de se voir publiquement démasquées. »
Pour vous situer un peu l’histoire est le but de ce livre, Virginie et après avoir passé plusieurs années à culpabiliser d’avoir fait enfermer son père pour des viols qu’il n’avait pas commis, essaye tant bien que mal de faire éclater la vérité au grand jour. Malheureusement, il a été beaucoup plus facile pour elle de faire enfermer son père que de l’aider à sortir de prison. Je trouve ce contraste malgré tout très effrayant.
Elle est aussi une des premières « victimes » à se rétracter ainsi, à admettre avoir menti… car c’est bien de cela dont il est question.. un mensonge… et pourtant, à part sa mère bien plus tard, personne ne lui a jamais demandé si elle avait menti…
Ni la directrice d’école:
« La directrice ne m’a pas demandé si je mentais ou non. Je ne sais pas si elle pouvait le faire, en tous cas, ni elle, ni la CPE, ni la prof principale – elle, elle n’a pas prononcé un mot – ne m’ont demandé si c’était vrai ou même pourquoi je n’avais rien dit jusqu’à présent. Elles n’ont jamais émis le moindre doute, même avec gentillesse. » (p. 43)
« Elles me demandaient où ça se passait, et quand. Comme je ne répondais pas, elles me posaient des questions plus précises : « Est-ce que c’est le soir ? Dans la journée ? » Je voulais rester crédible, je répondais « Le soir ». (p. 44)
Ni la police, qui au final a même eu un rôle qui n’est pas vraiment le sien…
» Je répondais oui ou non, ou je ne parlais même pas. Quand il a voulu savoir dans quelle pièce de la maison ça se passait, le policier a proposé plusieurs réponses. Je ne me souviens pas d’avoir fait une phrase complète. Quand je lis le procès-verbal de mon interrogatoire, c’est incroyable : il a retranscrit ses propres questions dans mes réponses. » (p.53)
De par son récit, l’auteur nous montre par quelle manière la justice, sur base d’une fausse accusation, a finalement trouvé des preuves là où il n’y en avait pas.
le psychologue « expert » :
« Actuellement, Virginie exprime clairement une problématique relationnelle manifeste et caractéristique d’une victime de viols intrafamiliaux (culpabilité, ambivalence et crainte et difficultés de dialogue avec sa mère. » (p. 66)
Elle démontre aussi à quel point une fois un mensonge mis en route, il est très difficile de s’en sortir, soit parce qu’on ne vous croit pas quand vous voulez raconter la vérité, soit, tout simplement, parce qu’il y a la peur et la honte d’être publiquement démasquée.
Les mots utilisés sont justes, ils sont vrais, et ils viennent du cœur. C’est un livre à la fois très agréable à lire de par le style, est très difficile à lire de par le contenu. L´injustice est quelque chose qui me touche beaucoup, et du coup, cette histoire m’a beaucoup touchée même si elle est trop survolée à mon goût.
Virginie Madeira arrive également à bien nous faire passer sa détresse, toute cette culpabilité qui la ronge, et l’incompréhension aussi. Car honnêtement, qui pourrait imaginer qu’un mensonge qui au départ, n’avait pas d’autre but que de se faire mousser auprès des copines, finirait par l’incarcération de son père?…
Car oui, comme elle le décrit parfaitement dans ce livre, c’est le mal-être qui l’a conduite à une aussi folle accusation, qui au départ était juste une « confidence » à une copine de classe: la sensation de ne pas vraiment avoir de place, de ne pas intéresser les autres, de n’avoir rien à dire, d’avoir une vie où rien d’extraordinaire n’arrive.. mais ça l’a conduite bien plus loin qu’elle ne l’aurait pensé.
« Je suivais une série à la télévision, Sunset beach. C’était tous les jours sur TF1, je la regardais en sortant du collège. Une fille avait accusé un homme de la violer, mais au moment du procès il s’est avéré que c’était son père. Ensuite, tout le monde est venu vers cette fille, les gens l’entouraient, elle était écoutée. » (p. 35)
Au final, alors que le lecteur pourrait être amené à la détester pour ce qu’elle a fait, je ressens surtout pour elle une grande tendresse, pour faire ainsi ce livre et avoir le courage de reconnaître ses erreurs.
Il n’y a pas grand chose à dire que ce soit sur le style ou sur l’histoire, c’est juste un témoignage à la fois très intéressant et très touchant. Je vous le conseille vivement si vous aimez ce genre de récits.
Un petit truc en plus?
Pour voir si le livre avait eu l’effet escompté, j’ai fait une petite recherche rapide.. Malgré la rétractation de sa fille, le livre, et.. le père de l’auteur est resté emprisonné et condamné pour inceste.
Je trouve ça vraiment triste au final qu’il soit plus facile d’enfermer des gens innocents sur base d’un mensonge que de les faire sortir même si la personne qui les a accusé avoue avoir menti… Et dire qu’à côté de ça, des coupables sont en liberté… révoltant.
Je ne penses pas lire ce lire, mais je trouve original d’avoir ce point de vue, ce qui change des nombreux livres où l’adulte est coupable.
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surtout de voir la justice si peu réceptive aux aveux de mensonges… 😦
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Oui, subir de tel actes et ne pas être cru, ,et avoir menti et ne pas être cru l’un comme l’autre ne doit pas être facile à vivre. Et une fois que la machine judiciaire est lancé, pour l’arrêter ou faire marche arrière est beaucoup plus compliquer!
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