Titre : Solange te parle
Auteur : Solance / Ina Mihalache
Maison d’édition : Payot
Sortie : 6 janvier 2016
# de pages : 173
Genre : Vécu
Solange te parle, ce sont les choses de la vie et c’est addictif. De l’art d’accueillir une bonne nouvelle à la nécessité de savoir dire « Je t’aime », d’un éloge hilarant du pénis à une réflexion sur la société narcissique, Solange, fausse neurasthénique et vraie timide, mi-ingénue mi-démon, parle du droit à la différence, du corps et du désir, de l’inadaptation, de la pornographie, de la solitude, de la génération des digital natives. C’est très drôle, insolent et ça pousse à penser. Sur Youtube, ses vidéos ont été vues plus de quinze millions de fois.
Mon avis: 8/20. Aussi indigeste pour moi en livre qu'en vidéo :(
Ce que j’en pense?
Au départ, je m’étais dit que je ne lirais jamais ce livre… En effet, les vidéos de Solange (pour ceux qui ne connaissent pas, vous trouverez sa chaîne ici), je n’accroche pas du tout, … Je trouve son débit de parole soporifique, et j’en perds le fil de mes idées…
Du coup, j’étais très réticente vis à vis du livre…
Puis, plusieurs personnes m’ont dit de le tenter quand même, que ça passait bien mieux en livre… Eh bien non… pas pour moi…
“C’est la guerre dans ma tête, tu vois. Y’a des bombardements. Boum, takatakatakataka, pan pan, triiit, pourrrrffffffuuschisssirokroupuffftch. Et après j’ai besoin d’aller me coucher, tu comprends.”
Pour moi, son style de communication, c’est vraiment trop décousu, trop brouillon, trop à côté de la plaque, trop…. trop. Elle est comédienne à la base, et elle surjoue tout, de ce qu’elle a à dire à ses “émotions”… Et comme ce livre est l’exacte retranscription de ses vidéos… ça ne le fait pas.
Elle explique d’ailleurs pourquoi elle a ce phrasé…
“Quand quelqu’un s’adresse à vous d’une manière bizarre, avant même d’entendre le contenu, vous êtes interpellé par le véhicule, la forme de ce qu’il énonce : un rythme étrange, sa diction, le vocabulaire. Parler ne va pas de soi, parler n’est pas qu’une manière de transmettre un message. Parler est une émotion. Je suis donc de ceux qui privilégient l’émotion au message. Ce qui explique que certains, en m’entendant, se sentent agressés, n’y voient pas d’intérêt parce qu’ils sont à la recherche d’un message, alors que, celui-ci n’étant pas au centre de mes préoccupations, j’en fais volontiers l’économie. Ces personnes-là s’offusquent : « Mais à quoi ça sert ? Ça sert à rien ! C’est du vide, ce truc ! »”
Et si pour elle, le fait de parler de telle manière veut forcément dire qu’on va mieux percevoir les émotions qu’elle essaie de communiquer… j’ai des doutes quand même… Parce que pour moi, pour pouvoir ressentir les émotions d’une personne, ou être touchée par ses émotions, il faut un minimum de connexion avec cette personne en face de soi, mais si on n’est pas réceptif à son “langage”… c’est râpé.
Bon, malgré tout, il y a quelques rares passages que j’ai aimé par le fond (même si la forme me plait) et je vous les partage…
Comme par exemple, ce passage en réponse à une “insulte” qu’elle avait eue, la traitant de “Bobo”…
“Oui, j’accorde beaucoup d’importance aux détails du quotidien et, oui, j’ai envie que l’humanité aille mieux. Peut-être que je t’exaspère parce que tu n’as pas eu le courage de choisir, toi. La différence te fait peur. Si être un enfant gâté c’est être beaucoup aimé, alors je suis une enfant gâtée. Peut-être que tu n’as pas été aimé, toi. Bobo… J’ai un problème avec le mot parce que c’est tout le temps négatif. Personne aujourd’hui n’oserait se revendiquer bobo, c’est devenu synonyme de nuisible. […]
Tu vas dire : « On ne vit pas dans un monde de Bisounours ! » Et pourquoi pas ? Qui n’a pas besoin de bons sentiments ? Oui, je cherche du sens à ce que je fais et j’essaie de construire des choses de qualité. Oui, je pense que dans le couple la femme, l’homme et leurs rôles sont interchangeables. Oui, si j’avais un enfant, je ne voudrais peut-être plus qu’on le note à l’école. Oui, j’ai envie que mon travail m’épanouisse personnellement, parce que, s’il ne m’épanouit pas, moi, je vais intoxiquer tout le monde ! Non, bobo n’est pas élitiste, bobo s’adapte, bobo cherche, bobo se trompe, bobo trouve. Bobo, il veut réussir sa vie, il n’en a rien à faire de réussir dans la vie.”
Pourquoi ce passage me plait? Parce que je suis d’accord avec ce qu’il transmet… le terme Bobo est tellement mal utilisé, quand on traite quelqu’un de Bobo, ce n’est jamais en bien, et pourtant, la “définition” qui en est faite ici, je me retrouve tellement dedans… Je ne vais pas développer ici car ce n’est pas le débat et que j’aurais beaucoup à dire, mais si vous voulez en parler dans les commentaires, pas de soucis…
“J’avais un copain, on est resté deux ou trois ans ensemble, ses parents ne lui avaient jamais dit « Je t’aime ». J’en avais parlé avec sa mère qui m’avait répondu : « Oh, mais il le sait… » Et j’insistais : « Mais vous pourriez le lui dire, ça lui ferait plaisir. » Et elle répétait : « Non, mais c’est compliqué, il le sait, il le sait… »”
Là aussi, ce passage m’a beaucoup touchée… car c’est un peu la manière de voir de ma mère, du moins par le passé… “pas besoin de te le dire, tu le sais que je t’aime”… non, c’est toujours très important pour moi de l’entendre, ça a un côté rassurant, apaisant, …
Bref, voilà…
Une lecture assez négative pour moi, j’ai un peu l’impression d’avoir perdu mon temps… Sur le fond, il y a certainement de très bonnes “idées”, de très bonnes réflexions, mais elles sont noyées dans un flot indigeste de paroles inutiles et mal exprimées par rapport à ce qui peut m’interpeller.