Je ne mérite pas de vivre, de Céline S.Camisuli

 

J’ai quarante-deux ans. A l’époque, personne ne parlait de harcèlement scolaire. Je l’ai pourtant vécu durant quatre longues années. Aujourd’hui que je suis mère, j’aimerais protéger ma fille de ce fléau. Mais aveuglée par la vie, je ne vois rien. Rien, jusqu’à ce qu’elle décide qu’elle ne mérite pas de vivre. 

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Auto-édité
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Note personnelle : ★ ★ ★ ★ ☆

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J’ai quarante-deux ans. A l’époque, personne ne parlait de harcèlement scolaire. Je l’ai pourtant vécu durant quatre longues années. Aujourd’hui que je suis mère, j’aimerais protéger ma fille de ce fléau. Mais aveuglée par la vie, je ne vois rien. Rien, jusqu’à ce qu’elle décide qu’elle ne mérite pas de vivre.
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Vous le savez, le harcèlement scolaire est un sujet qui me tient énormément à cœur. Dès que je vois un ouvrage qui en parle, j’ai à cœur de m’y plonger.
Je suis tombée sur celui-ci par hasard, sur Amazon, et l’ai commandé dans la foulée. 

[Disclaimer] Dans ce genre de livres, les mêmes thématiques sont souvent abordées. j’estime donc que d’en parler n’est pas du spoil vis-à-vis « de l’histoire »…
Ce qui différencie un ouvrage d’un autre, sur sur ce sujet, c’est surtout la manière dont l’auteur nous le livre et l’aborde.
Mais au moins, vous êtes prévenus…

Ce livre, contrairement à beaucoup que j’ai pu lire, est assez particulier sur plusieurs points.

Déjà, parce qu’il n’est pas écrit par une ado ou une « jeune adulte » à peine sortie de l’adolescence et du harcèlement. Il est écrit par une femme d’âge mûr (je ne dis pas ça de manière péjorative, puisqu’elle a mon âge à un an près).

Comme moi, elle a également subit du harcèlement pendant plusieurs années au moment de sa scolarité, mais à l’époque, on n’en parlait pas. Parce que c’était tabou, parce qu’à l’époque, si on se faisait harceler, frapper, insulter, humilier, c’est que le problème c’était nous et pas les autres. En tous cas c’est vraiment comme ça que je l’ai vécu et j’ai pu voir un sentiment similaire chez d’autres personnes de ma génération ayant vécu la même chose.

« J’ai moi-même été victime de harcèlement scolaire durant quatre ans. Des moqueries de mon nom de famille, au tirage de cheveux, aux bousculades, aux menaces de mort. Je n’avais pas conscience d’être une victime à l’époque. Je pensais que c’était de ma faute ou que les autres ne tournaient pas rond. Je n’en parlais pas et n’ai jamais évoqué le sujet jusqu’à ce que je dise une fois adulte : ah mais attends ! J’ai vécu la même chose que cette fille ! »

L’autre particularité de ce livre, c’est qu’il n’est ni biographique, ni auto-biographique. Il s’agit d’un roman. Attention, ça ne veut pas dire qu’il relate une vision embellie des choses. Juste que l’auteure a voulu lui donner un rôle de « mise en garde », en mode « voici un exemple de ce qui peut arriver. Voici différents cas de figure de ce qu’on pu subir des victimes de harcèlement scolaire ». 

L’histoire nous présente Léna, une jeune fille souriante, débordante de joie, de bonne humeur, d’amour, qui petit à petit, a été convaincue qu’elle ne méritait pas de vivre. Et ce à cause du harcèlement scolaire.

Tout a commencé vers ses 11 ans…

« Assise sur un banc juste en face du collège de ma fille, j’attendais. C’était sa première rentrée chez les grands. Finis la primaire. Elle se trouvait aux portes de son adolescence. Elle avait onze ans ma Léna. Onze ans et un avenir radieux devant elle. »

C’est sa maman qui semble avoir le plus de mal dans cette rentrée « chez les grands »… beaucoup de questions, d’appréhensions, viennent lui torturer les idées, tout simplement car ça lui rappelle tellement de mauvais souvenirs… car c’est à cette période, loin d’être évidente, qu’elle-même a vécu du harcèlement scolaire. Mais bien évidemment, à l’époque, ça ne s’appelait pas comme ça, et c’était souvent le harcelé qui se faisait coller l’étiquette de personne ayant du mal à s’adapter et s’intégrer.

« À 15h45, j’étais toujours plantée devant le collège depuis 10h du matin. Impossible de m’en aller. Le froid commençait doucement à me picorer les joues et mon corps s’engourdissait progressivement. La raison aurait voulu que je retourne à la maison, comme tout parent normal. Mais voilà, sa rentrée me replongeait trente ans en arrière. J’avais onze ans également et comme elle, il s’agissait de ma toute première fois dans ce collège. Je ne l’ai jamais oubliée. C’était la plus belle, mais aussi la plus effrayante de toutes. »

Tout au long du livre (qui fait à peu près 120 pages), on va alterner entre les deux points de vue, celui de Léna, et celui de sa maman.

Pour Léna, on commence directement avec ses pensées morbides… celles qui lui font dire qu’elle ne mérite pas de vivre. Je dois avouer que ça m’a bien serré le cœur, car c’est « tellement ça » ce qu’on ressent quand on est soi-même victime de harcèlement scolaire.

« J’ai tellement honte. Honte de ce que je suis, honte de ce que j’ai pu faire ou ne pas faire. J’ai honte. J’ai mal. J’ai si mal. Je ne pourrai jamais plus me regarder dans une glace et me dire que je vaux bien plus que ce qu’ils disent. C’est comme dix volcans en éruption dans mon cerveau. »

Et puis… vient le point de vue d’une autre personne… Cléa. Elle fait partie de ceux qui harcèlent, de ceux qui détruisent… 
Je dois vous avouer que ce point de vue est très intéressant, même si je l’ai trouvé un peu « injuste »… le côté « c’est pas ma faute, c’est celle de mes parents »… non, je ne suis pas d’accord avec ça. C’est un peu trop facile.

« Mon père me donnait des gifles. À cette époque, c’était considéré comme normal. Un enfant devait obéir. Par tous les moyens. Ce n’était pas vu comme de la violence éducative comme on pourrait la définir aujourd’hui. »

Une chose que j’ai apprécié dans ce roman – puisque je vous rappelle que ce n’est pas un témoignage à proprement parler -, c’est que l’accent est mis sur les dangers des réseaux sociaux pour les jeunes. C’est quelque chose qui m’interpelle énormément, qui me tient beaucoup à cœur.

Il est tellement facile de détruire les gens planqués derrière un écran… cela déshumanise totalement la personne harcelée, et cela en vient à banaliser la méchanceté.

Mais c’est ce qui différencie, je pense, le harcèlement subit par les gens de ma génération par rapport à la « nouvelle génération ». Une fois chez nous, nous avions cette bouffée d’air frais, ce moment de tranquillité… Cette porte de secours que les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus car le harcèlement les poursuit jusqu’à chez eux via les réseaux sociaux.

L’auteure précise aussi, et ça c’est important, qu’il n’y a pas de harceleur type qu’il est impossible de mettre en place un schéma du genre « chaque personne qui a subit telle chose deviendra harceleur » ou « il n’y a que les personnes ayant subit de la violence intra-familiale qui deviendront harceleurs »… Et c’est très important de le dire, car cela appelle à d’autant plus de vigilance et ne pas se dire « ça n’arrive qu’aux autres »…
Car il ne faut pas se leurrer, si les parents des harcelés souffrent, je ne doute nullement que les parents des harceleurs souffrent tout autant, à se demander ce qu’ils ont pu faire « de mal » ou rater dans leur éduction pour que leur enfant en arrive là… Eux aussi doivent probablement se demander les signes qu’ils n’ont pas su voir… et ça ne doit pas être facile à vivre non plus.

Une autre chose que je trouve hyper importante, c’est de bien expliquer et faire comprendre aux genre que non, le fait de vouloir mettre fin à ses jours n’est pas une solution de facilité. Que ce n’est pas une décision prise à la légère, et que cela demande beaucoup de courage de passer à l’acte.

Alors ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne fais en aucun cas l’apologie du suicide, loin de là… mais banaliser ce geste est, je trouve, un manque d’empathie et de considération pour ces personnes en souffrance qui n’y voient que la seule issue encore possible à leur détresse.

Pourquoi ne pas avoir mis 5 étoiles? Pour les quelques coquilles qui sont présentes dans le livre, tout simplement. 

En conclusion, est ce que je vous conseille ce livre? La réponse est oui.
Car sous une plume peut-être un peu plus légère que ce que l’on a l’habitude de lire sur le sujet vu qu’il s’agit d’un récit romancé, les vraies problématiques sont aussi abordées…
Parce que contrairement à un témoignage « classique », il aborde trois points de vue différents, celui du harcelé, de sa mère, et du harceleur.. Et que chacun de ses points de vue nous pousse à la réflexion,…
Parce que le harcèlement scolaire est un fléau, et qu’en parler est important… encore et encore… jusqu’à ce qu’il ne soit plus…
 

« Le cœur en miette, les yeux embués de larmes, ma décision est prise. Je vais en finir avec tout ça. C’est le seul moyen pour que tout s’arrête. Personne ne peut comprendre ce que je vis. Personne ne veut voir que je vais mal. J’ai sans doute cherché tout ce qui m’est arrivé. Je ne suis pas assez bien pour qui que ce soit. Je ne mérite pas de vivre. »

 

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