[avis de lecture] Doubles jeux – Pauline Bouquin

Un jeune couple à qui tout semble réussir.
Un voyage de noces au cœur des Highlands.
Une incursion dans les méandres de la folie humaine.
Le 1er janvier 2017, sur l’A6, un homme somnole au volant de sa voiture et heurte de plein fouet les barrières de sécurité. Sa femme, Louise Riesenney, meurt sur le coup.
Le 28 mai 2018, à Rosemarkie, Cédric Duschesne quitte le gîte où il a élu résidence pour sa lune de miel et disparait dans la nature. Toutes les traces de son existence s’évanouissent avec lui. Seule son épouse, Sophie Duschesne, semble se souvenir de son mari. S’est-il enfui ? Est-il mort ? A-t-il seulement existé ?
Sophie est loin de se douter que ces deux événements sont inextricablement liés, que Cédric n’est pas l’homme qu’elle pense connaître et que chaque membre de son entourage, à l’exception d’elle-même, joue double-jeu.

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sortie le 25 Septembre 2019
Auto-édité
Lu en partenariat avec l’autrice via Simplement

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J’ai découvert ce livre grâce à l’autrice, et je dois dire que moi qui lit assez peu (par rapport à mon amie Isa) d’auto-édités, je ne regrette pas du tout d’avoir sauté le pas…

Dans les toutes premières pages du livre, j’ai trouvé le style d’écriture pas assez naturel à mon goût, une écriture un peu trop guindée par moment, mais au final, je ne sais pas si c’est l’autrice qui a adouci son écriture ou moi qui m’y suis faite, mais je n’ai plus eu cette impression. J’ai même trouvé, au contraire, que les mots étaient choisis avec soin et qu’une attention particulière y avait été apportée… j’ai beaucoup apprécié.

Les descriptions sont bien présentes et agréables… j’aime quand je peux, grâce à elles, me projeter dans les lieux…

« En contrebas, une chaîne aride, s’étend devant leurs yeux. Aucune trace de présence humaine. C’est un paysage lunaire, escarpé, semblable à une steppe, fait de lacs immenses et de hauteurs dénudées. Elle pense que ces sommets, dont certains sont encore enneigés, sont à la fois grandioses et angoissants. Elle pense que le réseau ne passe certainement pas dans ce genre de contrées. Elle pense qu’il ne serait pas bon, pour le voyageur, d’arpenter seul ces montagnes écossaises. Ici, au cœur des Highlands, la nature a repris ses droits. »

Le récit est livré en alternance entre une narration classique et un peu omnisciente, et les pensées de Sophie, la narratrice et personnage principal. Quand c’est elle qui prend la parole, si je puis dire, on est vraiment au cœur de ses questionnements, de sa « folie »… de ses doutes…
Cette alternance de point de vue donne aussi un petit rythme au roman, cela change la perspective et permet d’avoir une vision plus globale de ce qui se passe tout en restant très intimiste avec les pensées de Sophie...

J’ai d’ailleurs beaucoup aimé le personnage de Sophie… Une femme fragile, heureuse d’avoir trouvé l’homme de sa vie, qui part en voyage de noces et s’apprête à passer un moment magique, jusqu’à ce que tout bascule. Je l’ai trouvée très attachante, …
Je me suis un peu reconnue en elle pour ce côté « qui imagine toujours le pire », ça m’a d’autant plus « rapprochée d’elle », ….

« Le heurt se produit. Elle serre plus fort le poignet qui s’offre à elle. Toujours cette peur irrationnelle : et si l’avion dérapait, et s’il ne s’arrêtait pas, et s’il percutait quelque chose… Elle a vu dans un reportage à la télévision que l’on peut mourir dans deux situations différentes : le décollage et l’atterrissage. Elle retient son souffle. »

Je l’ai trouvée très déterminée… malgré tout ce que son entourage pouvait dire ou faire, elle a, malgré que ce ne soit pas évident, essayé tant bien que mal de garder la tête sur les épaules.. de ne pas se laisser influencer… de garder le cap. Je me suis vraiment attachée à elle et j’ai vécu l’histoire au travers de ses yeux, j’avais l’impression de vivre ses moments de doutes, ses troubles, car le roman est écrit de telle manière que même le lecteur, finalement, ne sait plus si Sophie est folle ou si elle a toute sa tête…

« Que m’arrive-t-il ? Que m’arrive-t-il ? Ce n’est pas possible. Il doit y avoir une explication plausible. Ce qu’ils me racontent tous… Cela n’a pas de sens. J’étais là. Il était là. Toutes ces années. Tous ces souvenirs. Folle ? Cela ne concorde pas. Quelque chose cloche. Je ne suis pas malade ! Je ne suis pas aliénée ! Je ne peux pas l’avoir inventé. J’ai ma raison. Je suis Sophie Duschesne, née à Arcueil, j’ai vingt-trois ans, j’écris des bouquins inconnus du grand public. Je me souviens de tout, ma rentrée à l’école primaire, mes années d’études, la mort de Louise, le coup de foudre, tout, tout. Je me suis mariée il y a deux mois. Cela, je le sais. Je le sais. »

Et puis, petit élément certes insignifiant mais qui m’a ravie : le récit se passe en Ecosse, et je suis une amoureuse de l’Ecosse, donc fatalement, j’étais comblée.

J’ai apprécié également que le dénouement de l’histoire nous soit livré petit à petit, et pas une fin précipitée d’un bloc… Des explications et indices sont disséminés au fil des pages, donnant l’envie d’en savoir plus, de lire juste encore un chapitre… puis un autre… et encore un…
Je trouve cependant qu’il manque selon moi un petit quelque chose.. l’après vérité… la réaction des protagonistes, peut être juste un chapitre de plus… Cette fin « ouverte » m’a laissée sur ma faim, j’aurais aimé en savoir encore un peu plus, passer encore un peu de temps avec eux…
La fin est un peu abrupte à mon goût…

Si je pouvais faire une critique par rapport à la présentation du livre, en tous cas en numérique, ce sont les nombreux passages en Anglais

« “Good morning sir. I’m looking for a man. He went running in the hereabouts. Have you seen him? – Nop ma’am, haven’t seen anybody. I’ve been workin’ around for the past three hours. Haven’t seen anybody. Really sorry”, répète-t-il en roulant les r. »

Ils sont intéressants pour nous mettre dans l’ambiance et donner un côté plus réaliste au roman… donc ils sont utiles, oui (même si pas indispensables à mon sens)… MAIS…
Personnellement, je comprends l’anglais donc cela ne m’a pas posé de soucis, mais une personne ne maîtrisant pas la langue pourrait être vite dégoûtée par le système d’annotation des traductions : en effet, trouver les traductions en fin d’ebook, c’est vraiment laborieux et décourageant si à chaque passage en anglais, il faut commencer à aller au bout du livre pour voir la signification. Si je n’avais pas compris spontanément ces passages, je ne serais pas allée lire les traductions à la fin du livre, et ça n’aurait pas donné la même ambiance au roman….

Donc au final, ce livre est une excellente surprise…
Si dans les toutes premières pages j’ai été hésitante, où je ne sais pas pourquoi, j’ai eu peur de ne pas accrocher, cette sensation s’est vite dissipée et je n’arrivais plus à lâcher le livre. C’est  ce genre d’histoire où une fois attachée au personnage central, il en faut beaucoup pour me faire lâcher ma lecture. Le psychologique est bien présent, le suspense aussi… la fin est prévisible dès les premiers indices pour ce qui est du fin mot de l’histoire, mais malgré tout l’autrice termine le roman sur un élément qui permet de tout mettre en place et expliquer… 

 

Auteur : Hylyirio

Littéraire de coeur passionnée de thrillers psychologiques, true crime, paranormal, horreur, témoignages... Thèmes de prédilection : la santé mentale/psychiatrie, le harcèlement scolaire, la violence conjugale, … mais aussi les disparitions – surtout d’enfants – , les tueurs en série et les tueries de masse. https://lire-sous-la-lune.com/

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